Le Dieu-voiture,
l'agriculture |
2 décembre 2007
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LES
AGROCABURANTS, UNE
SOLUTION D’AVENIR ? « Bio » les agrocarburants ? Tout d’abord, il faut
savoir qu’à l’origine, c’est la
surproduction agricole qui a conduit l’Union Européenne à favoriser le
développement des agrocarburants. Afin de maîtriser les volumes de
production,
la réforme de la politique agricole commune (PAC) de 1992 a imposé un
gel de 15
% des terres consacrées habituellement à la culture de céréales.
Cependant, les
cultures qui n’étaient pas destinées à l’alimentation dérogeaient à la
règle.
Le travail des lobbys industriels
portant ses fruits, l’Union Européenne prépare depuis peu une stratégie
de
développement des agrocarburants : en mars 2007, le Conseil des
ministres
proposait un objectif obligatoire de 10% d’agrocarburants utilisés dans
tous
les carburants pour le transport routier d’ici 2020 ; et plus
récemment,
la commissaire européenne à l’agriculture a proposé de supprimer
purement et
simplement l’obligation de jachère. Aujourd’hui, la
motivation officielle du développement des
agrocarburants est l’écologie, ce qui est une véritable supercherie.
Tout
d’abord, le mode de culture des agrocarburants n’a rien de
« bio »,
il s’inscrit au contraire dans le modèle d’agriculture productiviste
qui génère
pollutions chimiques, qui émet un gaz (le protoxyde d’azote) qui est à
la fois
un gaz à effet de serre puissant et un gaz responsable de
l’amincissement de la
couche d’ozone. Par ailleurs, les agrocarburants sont un cheval de
Troie des
OGM. Enfin, ce développement se fait en Europe au détriment des
jachères, qui
sont de véritables réservoirs de biodiversité.
Manger ou rouler, faudra-t-il
choisir ? De plus, ce boom des
agrocarburants fait également augmenter
le cours des espèces végétales concernées : la production de
céréales pour
les agrocarburants aux Etats-Unis fait mécaniquement augmenter le prix
des
céréales alimentaires (le maïs principalement), ce qui a engendré
récemment la
« révolte de la tortilla » au Mexique. Cela
n’a rien d’étonnant lorsqu’on connaît la comparaison du Worlwatch
institut de Lester Brown selon laquelle un seul plein d’éthanol
pour un 4x4
nécessite autant de céréales que la quantité nécessaire à
l’alimentation d’une
personne pendant un an. Comme toujours ce sont les pays du Sud qui
trinqueront ! Le plus tragique dans le
développement des agrocarburants,
ce sont les dommages humains et écologiques liés à la production de
l’agrocarburant le plus rentable au monde : l’huile de palme.
L’augmentation de la demande d’huile de palme (qui, au demeurant,
satisfait des
usages multiples : alimentaire, cosmétique, etc.), cultivée
notamment en
Indonésie et en Colombie, conduit à de
graves exactions à l’encontre des paysans et peuples indigènes ainsi
qu’à des
désastres écologiques : l’acquisition des terres se fait par la
violence
et sans respect des droits fonciers (avec un rôle majeur des
paramilitaires),
et est précédée en Indonésie de l’incendie des forêts primitives,
abritant des
tribus indigènes et une riche biodiversité. Tout ça pour faire des
cultures
d’exportation qui épuisent les sols en une dizaine d’années ! Le développement des
agrocarburants, appelés à dessein
« biocarburants » par ceux qui cherchent à promouvoir la
filière,
conduit en fait à un véritable désastre écologique, social, humain. Alors que faire ? Tout d’abord, cesser la
boulimie d’énergie, cesser les
caprices ainsi que les aberrations qui engendrent de l’hypermobilité
(telles
que le pavillon à la campagne lorsqu’on travaille en ville). Ensuite,
pour
remplacer le pétrole, utilisons le biogaz issu de la biomasse locale.
Mais
toute solution technique est vaine sans remise en cause de notre mode
de vie. « Ce
qui est utopique, c’est de croire que l’on pourra continuer comme ça
encore
longtemps » tract de l'action (téléchargeable) pour approfondir la question (le site du journaliste Fabrice Nicolino) |
Les Photos
Les premières offrandes au "Dieu-voiture" (épis de maïs, betteraves, plantes tropicales ...) Les offrandes se succèdent ... (que peut-on sacrifier de plus que nos aliments à la "bagnole" ?) Les passants prennent connaissance des effets pervers de l'essor des agrocarburants ! |